LES ARTISTES DE L'HÔTEL

Saint-Germain-des-Prés est depuis toujours un véritable centre d'attraction pour les intellectuels et les artistes, de Saint-Exupéry à André Gide, des surréalistes à Alberto Moravia, de Vian à Sagan, d’Hemingway à Gainsbourg.

Parmi toutes ces personnalités, le choix de l’hôtel de la rue de Lille s’est porté sur quinze d’entre eux, par passion. Ils « occupent » ainsi chacun une chambre ou une suite de l’Hôtel, qui leur est dédiée. En consacrant ainsi ces personnalités qui ont fait la réputation de ce quartier et de Paris, nous sommes invités à découvrir leur univers, à entrer à notre rythme dans l’intimité de leur œuvre, à travers un choix d’objets, de meubles, de textes, de photographies originales spécialement rassemblés.

Ce faisant, ils deviennent les plus fameux guides qui soient pour découvrir ou redécouvrir les bonnes adresses de Paris.

Hôtel de Lille

Patrick Modiano

Categories : Artistes, publié le : 23/05/2023

Patrick Modiano est né en juillet 1945. Très tôt livré à lui-même, il entretient des rapports privilégiés avec son jeune frère Rudy, qui disparaît à l’âge de dix ans. Ce drame hantera son œuvre. Il se consacre directement à l’écriture après le baccalauréat, introduit dans les milieux littéraires par l’écrivain Raymond Queneau. Dès son premier roman sur l’Occupation, La Place de l’étoile paru en 1968, il poursuit une quête d’identité à travers un passé douloureux ou énigmatique qu’il perpétuera dans une vingtaine de romans et de recueils de nouvelles parus chez Gallimard, Patrick Modiano a reçu le prix Goncourt en 1978 et le Nobel de littérature en 2014.

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Patrick Modiano est né le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt. Titulaire du baccalauréat, il n'entreprend pas d'études supérieures ; à partir de 1967, il n'exerce d'autre activité professionnelle que celle de romancier. Outre l'œuvre romanesque, il a publié un Emmanuel Berl, interrogatoire (1976), a donné au théâtre La Polka en 1974, année où il écrivit avec Louis Malle les dialogues du film Lacombe Lucien. Mais, derrière cette façade tranquille, se cachent des blessures, des inquiétudes qui auront suscité et nourri l'œuvre du romancier, même si celui-ci dit que l'absence de diplômes supérieurs a déterminé sa vocation d'écrivain puisqu'il ne pouvait rien faire d'autre. On ne peut manquer de rapprocher le décès de son jeune frère Rudy (1947-1957) et le vertige du vide, de l'absence qui hante la plupart des romans de Modiano.

Une double origine, flamande par sa mère qui était actrice, juive italienne par son père, ne pourrait-elle éclairer la quête de l'identité, la recherche des indices et des souvenirs, la lutte contre l'oubli, qui constituent le sujet de Rue des boutiques obscures (1978) mais qu'on retrouve aussi bien dans Villa triste (1975, Dimanches d'août (1986), Vestiaire de l'enfance (1989). Le mystère qui entoure la figure du père préside au récit des Boulevards de ceinture (1972), innerve le thème de la disparition, conduit aux mystères, aux zones d'ombre, aux paradoxes qui fascinent les lecteurs de Modiano et font le charme d'un roman comme Un cirque passe (1992). Albert Modiano était « homme d'affaires », mais son fils, Patrick, reconnaît n'avoir jamais su ni compris de quelles affaires il s'agissait. Il resterait à évoquer l'origine juive qui marque le premier roman de Modiano, La Place de l'étoile (1968).

Mais si des déterminations familiales fondamentales sont reconnaissables dans l'œuvre, celle-ci ne se limite pas à celles-là. Seuls Remise de peine et Livret de famille (1976) peuvent passer pour des récits autobiographiques. Si le narrateur de La Place de l'étoile est juif, le roman dépasse ce qualificatif. De même, si l'Occupation, période trouble comme on le dit d'une eau impure, est dans l'œuvre une époque privilégiée, où s'inscrivent des trames romanesques entières ou de simples épisodes narratifs, ce n'est pas en tant que moment historique mais en tant que « lieu » propice à la création de cet art du flou, de la dualité qui caractérise Modiano et rend unique cet auteur qui a poussé le roman, art de l'illusion, à ses limites extrêmes, multipliant les perspectives fuyantes en une sorte de « trompe-imagination » qui emporte le lecteur dans un dédale où métamorphoses et songes estompent les rares certitudes qui lui sont données.

Patrick Modiano a été récompensé du prix Nobel de littérature en 2014.